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« La commune a offert du foncier à des jeunes en échange d'engagements »

Ancien président du syndicat Jeunes Agriculteurs, Michel Teyssedou est devenu maire d’un village du Cantal, Parlan, qu’il a remis sur la voie de la croissance démographique et économique, tout en s’attachant à faire vivre ensemble les habitants historiques et les nouveaux venus.

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Vous êtes maire d’une petite commune rurale. Est-elle condamnée à la désertification ?

L’exode rural a fait beaucoup de dégâts dans le village. Petit, quand j’étais à l’école de Parlan, il y avait soixante-dix élèves. En 2008, on était tombé à trente-quatre. Nous avons donc perdu un poste d’enseignant. Il a fallu se battre pour attirer des populations nouvelles qui étaient plutôt jeunes et qui pouvaient avoir des enfants ou espérer avoir des enfants. Nous avons récupéré ce poste d’enseignant. Et nous sommes payés de nos efforts puisque, à la rentrée de 2024, nous avons retrouvé un effectif de cinquante élèves après avoir inscrit onze enfants.

Comment avez-vous fait ?

Nous avons fait des choses très simples. La commune a offert du foncier à des jeunes avec une obligation de construction et de résidence pendant dix ans. En cas de non-respect de ces engagements, ils reversent une indemnité à la commune de 5 000 euros. Ce sont des critères qui définissent l’intérêt général. Au final, nous avons accueilli trente familles et, en plus, nous avons construit dix-sept appartements avec un bailleur social. Depuis, nous avons fourni le réseau mobile et l’internet à haut débit. Il faut aussi développer des activités de commerce, dynamiser par la vie associative, par les équipements sportifs, par l’école et par la salle multi-activités pour l’animation culturelle.

Vous ne pouvez pas compter sur une ville proche pour ça ?

La ville préfecture, Aurillac, est attractive. Mais elle n’est pas proche. Il faut aussi compter sur sa propre attractivité. Il faut que les arrivants puissent bénéficier de conditions de vie comparables à ce qu’ils pourraient avoir dans un autre milieu que le milieu rural. Ce sont des leviers pour que les gens aient envie de venir sur ce territoire, y vivre et travailler.

Est-ce que le village est plus propice au « vivre ensemble » ?

Nous avons construit une salle polyvalente pour les activités culturelles au cœur du village. Ce projet n’aurait jamais pu être réalisé sans l’apport très important des bénévoles de la commune. Ils ont permis de diviser par quatre le coût global du projet. Ces bénévoles, c’étaient les élus, des dirigeants associatifs, des artisans, la Cuma, des retraités… Des gens qui ont pris de leur temps pour donner la main, comme on dit. Donner la main, c’est partager ce projet parce que chacun y apporte sa pierre. Ça participe à l’identité du village, à son histoire. Il y a une forme de fierté à défendre les couleurs de notre commune. Tous les gens qui se rassemblent pour construire un équipement au profit de la commune participent à défendre cette identité, font acte de culture.

Quelle est la clé de ce développement rural ?

L’école, c’est le cœur du réacteur de la commune, le point de rencontre des habitants. L’association de parents d’élèves est un lieu où se fabrique du lien social. La cantine, le réfectoire, la garderie et bientôt une maison pour assistantes maternelles produisent ce lien social dans des endroits qui sont utiles pour l’ensemble de ces personnes. C’est là que les choses se passent naturellement. Les gens qui font le choix de venir découvrent la manière de vivre ici. Ils apportent leur pierre à l’édifice et s’inscrivent dans une logique où le bien vivre ensemble est une bonne règle de vie.

Mais ils peuvent aussi apporter des tensions, comme dans le reste de la société…

Je suis convaincu qu’une communauté de vie sur un lieu est toujours fondée sur des valeurs qui font société. Je défends mon école, ça fait société. Le sport fait société. Tout ce qui fait que la vie en dehors de l’activité professionnelle est agréable et plaît aux enfants génère du plaisir à partager. S’il n’y a pas cet engagement partagé, c’est compliqué.

La dynamique rurale, c’est possible ?

Pour moi, il n’y a pas de territoire sans avenir, il n’y a que des territoires sans projet. Antoine de Saint-Exupéry disait : « Si vous voulez faire battre les hommes, lancez-leur du riz ; si vous voulez les rassembler, faites-leur construire des cathédrales. »

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